NOM & PRENOM(S) : Charlotte, Marie BAYEN SURNOM : Chuck ÂGE : 23 ans DATE ET LIEU DE NAISSANCE : née le 04 mars 1988, à Paris ORIGINE : Française ETUDES OU PROFESSION : Serveuse dans un café SITUATION : Célibataire GROUPE : i need your help AVATAR : Amanda Seyfried

Mieux vaut inspirer la crainte que l'amour.

une saison : l'automne. un plat : des pâtes à la carbonara. un animal : un chat. une chanson : j'veux qu'on baise sur ma tombe, de Saez. une couleur : le noir, ou le rouge. un livre : seras-tu là ? MUSSO. un film : Elle s'appelait Sarah. un endroit : une forêt. un monstre : un loup-garou. un oiseau : un colibri. un des cinq éléments : le feu. une fleur : la rose (et ses épines). un fruit : une clémentine.

une planète : neptune. un sentiment : la haine. un défaut : la fierté. une qualité : le calme. un art : la photographie. une langue : le français. une fête : halloween. une ville : New-York. un jeu : le loup-garou. un chiffre : le douze. un péché capital : la paresse. un parfum de glace : citron. un verbe : haïr.

Amis du jour, Bonjour. Amis du soir, Bonsoir. Amis du sexe, Durex. Je me présente, je m'appelle Estelle mais on me connait plutôt sous le nom de Stoule. Je suis âgé(e) de 18 ans ans et je viens de France. J'ai un emploi du temps très mitigé et je pourrais me connecter environ cinq jours sur sept. J'ai trouvé votre forum grâce à Bazzart et je le trouve très joli. Mon personnage est un personnage inventé. J'ai lu le règlement en entier et pour le prouver : OK BY ANA . En m'inscrivant ici, je m'engage à être respectueux(se) envers les autres membres, à respecter le règlement et à être un minimum actif(ve). Pour finir, BANZAÏÏ .

Depuis que je suis gamine, ma vie ressemble plus à un cauchemar qu'à un conte de fée. On dit que la roue tourne, mais pour moi, c'est des conneries. Je pense qu'il y a des gens qui sont nés pour être heureux, pour avoir ceux qu'ils veulent, et d'autres qui sont là pour compenser toute cette dose de bonheur. Ils sont choisis au départ en fonction de leur capacité à résister. Les plus faibles aspirent à une vie pleine de bonne chose, les plus forts doivent surmonter des obstacles les uns après les autres. J'appartiens à la deuxième catégorie.

Je m'appelle Charlotte Marie Bayen, mais je n'ai jamais vraiment aimé ces prénoms. À l'adolescence, j'ai décidé de prendre le surnom "Chuck". J'ai grandi en France, en banlieue parisienne, dans un ghetto du département de la Seine Saint Denis, réputé pour être un quartier "chaud". Mon enfance peut se résumer à deux mots : la peur et la violence. Et si "le manque d'amour" était un mot, on pourrait l'ajouter à la liste. Je suis la cadette d'une famille de deux enfants. Mon grand frère, Lucas, a toujours veillé sur moi. Il a été mon pilier, mon meilleur ami, mon confident, mon autre moitié... Dans notre quartier, il était très respecté, alors je n'ai jamais vraiment eu de problème avec les gens de l'extérieur. Chez moi, la crise, elle venait de l'intérieur.
Ma mère est partie quand je suis née. Elle ne supportait plus de devoir s'occuper de mon frère toute seule parce que mon putain de père alcoolique et chômeur ne foutait rien. Quand elle a su qu'elle était enceinte, elle a attendu de me mettre au monde avant de me laisser à mon père et de se barrer. Je ne l'ai jamais connue, et mon frère n'a jamais voulu m'en parler. Tant et si bien qu'à la maison, c'était un peu comme si elle n'avait jamais existé.

Du plus loin souvenir que j'ai, mon père m'a toujours détesté. J'ai toujours ressenti cette haine dans son regard chaque fois qu'il posait les yeux sur moi. Et c'était assez bien traduit par tous les coups qu'il pouvait me foutre sur la gueule. Pendant tout ce temps, mon frère a essayé de me défendre comme il a pu, mais le paternel se débrouillait plutôt bien : il me frappait quand j'étais seule, au moment où je m'y attendais le moins. La nuit, par exemple, alors que j'étais sagement entrain de dormir. Ou bien quand je revenais de l'école, que j'étais épuisée par ma journée et que mon frère n'était pas encore rentré.
J'ai grandi avec cette violence depuis mon plus jeune âge, et au départ, je pensais que c'était tout à fait normal. Mais à la maternelle, les instit' voyaient bien que j'étais assez renfermée, que je ne parlais à aucun autre enfant, que je riais peu et que j'avais parfois des marques suspectes sur le visage. Ils ont vite essayé de régler le problème, mais mon père me changeait d'école dès que l'on commençait à se douter de quelque chose. Je n'ai jamais eu le temps de me faire de véritables amis. Pour tous les autres, j'étais seulement "l'autiste", ou "la fille bizarre", celle qui ne parle à personne, qui reste dans son coin, les yeux baissés, sans dire un mot de la journée.
Je n'ai jamais compris pourquoi mon père me cognait moi, et pas mon frère. La raison la plus évidente que j'envisageais, c'était que j'étais tout simplement plus faible. Mais je me souviens d'une dispute particulièrement violente entre mon père et Lucas, quand ce dernier essayait en vain de me défendre. J'étais dans ma chambre, supposée ne rien entendre.

"Putain, mais t'es vraiment qu'un pauvre type. Tu frappes ta propre fille, ta descendance. C'est toi qui l'a faite, c'est toi qui l'a voulu, cette gamine. Elle t'a rien fait. Elle a rien fait à part exister, Charlotte. Tout ce qu'elle demande, c'est de l'amour." avait dit Lucas, d'une voix tremblante.
"Ta gueule, Lucas. Tu n'as aucun conseil à me donner. Je la hais. Elle me rappelle trop ta mère." avait répliqué mon père.

Voilà donc le crime si grave que j'avais commis pour recevoir des coups chaque jour. Je ressemblais à ma mère, et ça, mon père ne pouvait l'accepter. Beaucoup trop con pour se rendre compte que tout était de sa faute, il lui en voulait de l'avoir abandonné avec deux enfants. Il lui en voulait d'être partie du jour au lendemain, sans prévenir. Peut-être que s'il acceptait un jour de se regarder dans le miroir, il comprendrait mieux.

J'ai donc grandi entre ces deux sentiments : l'amour et la haine. L'amour, c'était celui que me portait mon frère. Heureusement qu'il était là, celui là. Sans lui, je n'aurais jamais tenu. La haine, c'était bien sûr mon père. Si j'étais née brune, au visage très fin, peut-être que les choses auraient été différentes...
À l'école, j'ai toujours été mauvaise. Je n'avais absolument aucune motivation pour travailler. Trop perturbée par toute ce qui se passait chez moi, bien trop seule pour réussir à surmonter tous mes malheurs, l'école était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Durant toute ma scolarité, je suis restée seule, au fond de la classe, le regard vague. Je ne parlais à personne, et n'avais aucun ami. Au départ, les gens se demandaient pourquoi j'étais comme ça. Il essayaient de venir me voir, me parler, mais je restais muette et figée. Ensuite, ils ont ressenti de la pitié pour moi. Se disant que pour rien au monde, ils n'échangerait leur vie contre la mienne. Et enfin, ils ont fini par en rire. Parce qu'après tout, je n'étais qu'une autiste débile, qui se renfermait sur elle-même pour quelque chose qui n'en valait certainement pas la peine. Les profs ont tentés de me soutenir, de me réorienter dans une filière qui pourrait me plaire, mais leurs efforts ont été vains, et je l'ai toujours su.
Mon frère m'a forcé à aller voir un psy quand j'étais âgée de douze ans. Il a tout de suite diagnostiqué une dépression. Depuis ce moment là, je suis sous cachet, pour "éviter que je fasse une erreur", comme il dit.

Quand j'ai eu quinze ans, tout a basculé. Un jour, alors que j'étais tranquillement sur mon lit, entrain d'essayer de m'évader, les écouteurs vissés dans les oreilles, mon père est arrivé comme une furie dans ma chambre. Je savais très bien ce qui allait se passer. Il m'a jeté hors du lit, et m'a relevé en m'attrapant par le col du t-shirt. Et il a commencé à me cogner. Dans le ventre, comme ça, les marques ne sont pas visibles. Moi, la main devant ma propre bouche, je m'empêchais de crier. Avec l'expérience, je sais qu'il frappe encore plus fort quand je crie, pour me faire taire. Je n'ai jamais su quelle mouche l'avait piqué ce jour là, mais il devait être particulièrement énervé. Il m'a soulevé du sol, et m'a envoyé balader contre le mur. Ma tête a cogné violemment, et je crois même que j'ai saigné un peu. Le choc m'a assommée, et je n'ai plus senti la douleur des nouveaux coups qui pleuvaient sur moi. Je me souviens juste qu'il s'est attaqué à mon visage, je revois encore mon t-shirt tâché de sang. C'est là que mon frère est arrivé. J'ai reconnu ses mains rassurantes qui me portaient dans sa propre chambre. Il m'a mise dans son lit, m'a embrassé sur le front, et est parti. J'ai entendu des cris, des coups, des bruits sourds, secs, qui venaient de ma chambre. Et puis plus rien.
Quand je me suis réveillée, mon frère était parti. Sa chambre était intacte, mais il n'était plus là. J'ai demandé à mon père où il était, mais il n'a jamais voulu me répondre. Depuis ce jour, mon père ne m'a plus jamais frappé. Si ce n'est une petite baffe de temps en temps, histoire de se soulager. Je n'ai jamais su ce que lui avait dit, ou fait Lucas. Je n'ai jamais su ce qu'il était devenu. Je n'ai jamais su ce qu'il s'était passé dans cette chambre. Tout ce que je sais, c'est qu'il n'est jamais revenu.
J'ai passé mes journées dans sa chambre. Je portais toujours sur moi un de ses pulls larges, pour avoir son odeur. J'avais l'impression qu'il était toujours près de moi, qu'il me protégeait. Mon allure faisait peur à voir. J'étais devenue anorexique. Maigre à faire peur, pâle, cernée, je ressemblais plus à un zombie qu'à une jeune fille de dix-sept ans. J'ai commencé à fumer, pensant que cela me ferait me sentir mieux. J'ai touché à quelques drogues, mais cela ne m'a rien apporté.

Quand j'ai enfin eu mes dix-huit ans, j'ai quitté la maison. J'ai fais mes valises un jour, et je suis partie sans prévenir. Exactement comme ma mère. Pas un mot, pas une note, pas un signe de vie. Mon père s'est retrouvé tout seul, et j'espère au plus profond de moi que ça le tuera. J'ai pris le strict minimum, j'ai réuni l'argent qui traînais dans l'appartement, et ce que j'avais gagné, j'ai pris un billet d'avion, et j'ai décollé pour les États-Unis, New-York. J'avais toujours rêvé d'aller voir la statue de la liberté.
Arrivée là-bas, j'ai vécu comme j'ai pu. Programmée pour me débrouiller toute seule, je n'ai au aucun mal à trouver un appartement, et un job de serveuse. Je n'avais toujours pas d'amis, et ne connaissait personne à part mes collègues. Je menais mon petit train de vie, en essayant de recommencer à zéro, et de laisser mon passé derrière moi. Mais cette vie ne me convenait pas. Il y avait comme un vide en moi. J'avais cette sensation qu'il me manquait constamment quelque chose, et il ne fallait pas avoir fait une école d'ingénieur pour deviner que ce manque, c'était mon frère. Je ne pouvais pas rester ici, loin de tout, seule.

Une fois de plus, j'ai pris mes affaires, réunis tout l'argent que j'avais économisé et j'ai pris un nouveau billet d'avion. Pour Glasgow, cette fois. J'avais vingt ans, à l'époque. Pourquoi l'Ecosse, me direz-vous ? Si je me souviens bien, mon frère m'avait parlé d'une tante à nous, qui habitait là-bas. J'ai pensé que Lucas aurait pu aller se réfugier là-bas... Ou qu'elle savait peut-être où il était ? C'était totalement stupide. Je ne connaissais même pas le nom de cette femme, ou même si elle existait. Mais de toute façon, je ne pouvais pas rester à NYC plus longtemps.
Lorsque je suis arrivée à Glasgow, j'ai eu l'impression de revivre mon arrivée à New-York. Il fallait tout recommencer, trouver un appartement, un job... Mais la ville était beaucoup plus calme, et les gens beaucoup plus accueillants. J'ai rapidement pu commencer ma petite vie, essayant de concilier mon job avec mes recherches concernant mon frère.

Un jour, je l'ai vu. Il a débarqué dans ma vie comme un cheveu sur la soupe. Il est rentré un jour, dans le café où je travaille. J'ai tout de suite été émerveillée par le bel homme qu'il était. Mais jamais un seul instant je n'aurais cru qu'il s'intéresserait à moi. Moi, Chuck, la pauvre petite serveuse aux cheveux blonds interminablement longs, aux joues creuses, au teint blafard et aux yeux cernés. C'est tout le contraire qui se produisit. Il fut intrigué par ma drôle d'allure, et m'invita à boire un verre après mon service. Je n'avais jamais eu de petit copain, et j'étais très intimidée. Les relations avec les autres n'ont jamais été mon fort. Je n'ai jamais réellement tenu une conversation avec quelqu'un d'autre que mon frère.
Lors de notre premier rendez-vous, j'ai été tellement maladroite que je me suis dis que c'était fini. Qu'il allait repartir, et ne plus jamais vouloir me revoir. Mais une fois de plus je me trompais. Il a tenu à ce que l'on continue nos petits rendez-vous, et plus le temps passait, plus je m'ouvrais à lui. Finalement, au bout de six mois de verres dans un bar, de petits repas au restaurant, j'ai fini par me lâcher totalement, et accepter d'entamer une relation. Il a été l'homme le plus patient du monde, et je lui en serais à jamais reconnaissante.

Je me suis toujours demandée s'il serait capable de supporter ma dépression, mes sautes d'humeur et mes crises. Au début, tout allait pour le mieux. Il m'apportait le soutien qui me manquait tant, me faisait sourire, et il avait réussi à me faire aimer la vie, un peu. Je sortais peu à peu du trou noir dans lequel j'étais enterrée depuis de trop longues années. J'étais persuadée que notre amour était insurmontable, que rien ne pourrait jamais nous séparer, et que je passerais le reste de ma vie à ses côtés. Une fois de plus, je me trompais.
Nous sommes restés deux ans ensemble, sans qu'aucun nuage ne voile notre éternel soleil. Mais au bout d'un moment, je l'ai senti distant, de moins en moins souriant. Il m'a quitté deux mois après que je le sente s'éloigner. Ma dépression pesait trop sur notre couple, et je lui transmettais ma mauvaise humeur. Il ne pouvait plus supporter ça, et préférait prendre ses distances avec moi.
Ce fut l'un des pires moments de ma vie. Je revoyais le départ de mon frère, et je me sentais à nouveau abandonnée. Il ne me fallut pas longtemps pour retomber dans mon mutisme et ma dépression. Depuis ce jour, je suis redevenue l'adolescente que j'étais : celle qui ne sourit pas. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde, il me manque. C'est ainsi.