Qu'est-ce l'amour ? Un sentiment très fort, passionnel et même parfois destructeur. J'avais connu les trois en même temps avec Alistair, le temps d'une nuit. Cette nuit avait été la plus magnifique que je n'avais jamais passé, même avec Wallace qui pourtant était mon mari, je n'avais pas ressenti la même chose que dans les bras de son frère. Cependant, c'était Wallace qui avait été à mes côtés quand je n'étais pas bien, quand j'étais heureuse... Mais ce n'était pas de lui dont jétais amoureuse. Son jumeau avait toujours fait battre mon cœur plus qu'il ne l'avait jamais fait. Je m'en étais toujours voulu de faire souffrir mon mari de cette façon. J'avais toujours pensé qu'il ne savait rien, qu'il ignorait que Alistair et moi étions mutuellement attirés par l'autre. Mais quelques heures après son enterrement, j'avais été cherché la lettre dont il avait parlé à Kieran. J'avais alors découvert qu'il savait... Il savait tout et il était resté. J'admirais son courage d'être resté par amour pour moi mais je lui en voulais aussi énormément. Il aurait pu me laisser partir et ainsi, j'aurais pu aller rejoindre Alistair...

Perdue dans mes pensées, je roulais sans but depuis quelques minutes déjà. Je n'avais envie de rien faire. James était entre de bonnes mains et je n'avais pas le courage de rentrer à la maison et de voir toutes ses photos de Wallace, que je n'avais pas jeté parce que je n'avais pas eu le cran de le faire. Alors j'errais sans dessein particulier sauf celui de m'aérer la tête et de penser à autre chose qu'à cet abruti d'Alistair, ce fuyard, ce lâche... Inconsciemment, mes mains se crispèrent sur le volant. Même quand il n'était pas là, il fallait qu'il me déstabilise. Je voulais l'oublier, oublier mon amour pour lui et surtout je voulais qu'il n'apparaisse plus jamais dans ma vie. Mais c'était une chose impossible. Quoique je veuille, il y réapparaitra car il me désire autant que moi je le désire. Je décidais alors de rentrer à la maison. Faisant un demi tour dans une zone non autorisée, elle est belle la police, je pris le chemin de mon chez moi. Maintenant que j'avais pris cette décision, il me tardait de sentir mon fils contre moi et ses petits pieds gelés dans mes mains pour le réchauffer.

A cette simple idée, un sourire béat s'empara de mes lèvres et je ne vis pas la voiture arriver à ma droite et me percuter. Je ne sais pas si j'ai crié avant que la voiture dérape sur la route ou qu'elle tape dans un mur, mais tout ce que je sais c'est que l'habitacle n'était plus que cris. Ma tête heurta violemment le volant et je sombrais dans l’inconscience la plus totale.


La douleur, voilà ce qui me réveilla. J'avais mal partout. Ma lèvre me lançait, mon cou était immobilisé, mon crâne m'élançais. J'avais la tête en feu. Je déduisis au vu de tous les appareils auxquels j'étais reliée que j'étais à l'hôpital. A la porte, trois coups furent frappés me demandant ainsi la permission d'entrer. Je la donnais aussitôt voulant savoir qui me rendait visite. Je vis alors Jayson, mon meilleur ami entrer dans la pièce. J'essayais de sourire, mais ce sourire se transforma bien vite en grimace de souffrance.

« Hey Jay'. Sympa d'être passé voir l'handicapée que je suis. »

Je l'avais dit sur le ton de la rigolade, mais vu le regard meurtrier de Jayson, j'aurais mieux fait de me taire.

Spoiler:

Lorsque j'avais vu arriver Jayson dans la chambre, j'avais pensé que faire de l'humour aurait détendu l'atmosphère et lui surtout. Il semblait sur les nerfs. Peut être était-ce du à son travail ou au fait que je sois ici, couchée sur un lit d'hôpital, le cou totalement immobilisé. Je n'en savais rien, mais il n'avait pas envie de rire comme d'habitude. En fait, je le comprenais. Je ne sais pas comment j'aurais réagit en apprenant que Jay était à l'hôpital. Je pense que j'aurais foncé le voir avec le gyrophare même si je ne savais pas ce qu'il se passait pour lui de peur de le perdre lui aussi. J'avais déjà perdu mon mari puis l'homme que j'aimais en secret et je ne voulais pas perdre mon meilleur ami. Cela m'aurait anéanti si Jayson avait été à ma place dans ce lit, même si ce que j'ai n'est rien, j'aurais pleuré comme une madeleine dans ses bras comme à chaque fois que j'ai un coup de blues. Ma tentative d'humour échouée, je le voyais à son regard, il s'approcha de moi et s'assit sur le lit. Je n'avais qu'une envie me lever et le serrer dans mes bras tellement j'avais eu peur, mais je ne pouvais pas bouger sous peine de me faire grimacer de douleur.

« T'as pas pu choisir autre chose non ? »

Je souris à cette remarque, enfin essayait plutôt. Pourquoi avais-je tant mal à la mâchoire. Je ne me souvenais pas d'avoir tapé ma bouche contre le volant. C'était plutôt mon front. Mais peut être que le choc m'avait fait oublié certains détails.

« Non tu vois, j'avais que ça en rayon. La prochaine fois, je sauterai d'un immeuble, au moins je suis sûre que je ne me raterai pas. »

J'étais sûre que ce serait encore une tentative d'humour ratée. J'avais failli me tuer en voiture et j'en riais. Jayson allait sûrement me faire une remarque mais pour le moment, je préfèrerais ne pas y penser.

« T'imagine même pas la peur que tu m'as faites. »
« Désolée Jay. J'ai vraiment pas fait exprès. C'est encore la faute d'Alistair. Dès que je pense à lui, je fais n'importe quoi. J'ai voulu essayer d'arrêter d'y penser en pensant à James quand je rentrerai à la maison et j'ai pas vu la voiture. »

Je sentis des larmes pointer le bout de leur nez mais les refoulaient bien vite. Je m'étais promis de ne plus pleurer depuis le départ d'Alistair il y a un an et demi. Je n'étais pas une femme faible dépendante d'un homme... En fait, si je dépendais d'un homme, le jumeau de mon défunt mari, mais je ne voulais surtout pas paraître comme étant une femme faible. Ça, je l'avais appris à l'école de police. Entrer dans la police pour une femme est plus aisé maintenant qu'il y a encore quelques années, sauf que les types sont toujours les mêmes pensant que la femme doit rester à la maison et pas être sur le terrain à essayer d'arrêter les ''méchants''. Je m'étais donc formée une carapace au boulot que personne n'avait réussi à détruire et j'étais fière de moi. Tout ça avait fait de moi une femme respectée et aimée de mes collègues. Toujours sur le terrain, je n'avais jamais eu d'accident et voilà que là, alors que je n'étais même pas en train de poursuivre quelqu'un, je me retrouvais dans un lit d'hôpital. Je voulus bouger un peu, mais je ne pus le faire.

« Jay, est-ce que tu pourrais m'aider à me mettre assise sur le lit. Je n'en peux déjà plus de rester couchée comme ça. »

J'étais une femme d'action et me retrouvais là comme ça, me saper le moral. Heureusement que j'avais James et Miles à la maison.